1. Ne mettez pas la charrue avant les bœufs
Créer une entreprise avec le maximum de chances de succès résulte d’une démarche par petits pas : d’une bonne idée, il faudra tirer des scénarios, puis procéder à des tests, valider le projet sur le terrain et enfin seulement créer. Des précautions, plutôt, quand on sait qu’une entreprise sur deux continue de disparaître dans les cinq ans qui suivent sa création. Il faut ainsi une très longue phase de maturation pour formaliser le concept et évaluer très précisément le marché.
2. Réalisez au moins une mini-étude de marché
Les boutiques de gestion sont bien obligées de le constater : la majorité des créateurs néglige l’étude de marché… Alors qu’il suffit parfois d’une technique très simple pour en mener une : se confronter au terrain. Par exemple, dans le commerce, identifier puis vérifier ce que font les concurrents. Une autre bonne méthode consiste à se pencher sur la manière dont fonctionnent les entreprises qui font la même chose que vous, mais dans une zone de chalandise différente. Une bonne étude de marché, outre la mesure de l’activité, doit intégrer les éléments suivants : une étude de la valeur ajoutée perçue par les clients potentiels, une bonne vision de tous les segments possibles du marché, le chiffrage de l’existant et des potentiels. Il convient d’y ajouter une analyse des comportements d’achat pour chaque segment de clientèle, quantitative, avec le coût du » panier » moyen commandé par les clients, mais aussi, si possible, qualitative. Même effectuée à grands traits, cette évaluation est le prix à payer pour quantifier avec moins de risques d’erreurs en volume et en valeur le marché qu’il est possible d’acquérir.
3. Analysez les modes de décision d’achat
Rien de plus variable et d’intéressant à disséquer que les déclenchements d’achat de son public cible : certains clients sont moins sensibles à la qualité du produit ou du service rendu qu’à la notoriété du fabricant. Pour d’autres, c’est l’inverse… Prospects et clients peuvent être plus ou moins sensibles à la nouveauté. En grande consommation, on sait qu’il convient de s’adresser différemment au client selon que le produit vendu entre dans la catégorie des achats récurrents obligés (articles ménagers, par exemple), des achats plaisirs spontanés (friandises ou jolie jupe), ou des acquisitions plus lourdes (ameublement, électroménager). Dans le business to business (vente aux entreprises), les modes de décision d’achat s’avèrent plus complexes encore. Par exemple, vous vendez des produits informatiques ou bureautiques : il convient de distinguer dans une entreprise structurée l’utilisateur final, le prescripteur, le directeur informatique et le payeur, le directeur financier ou le directeur général. Toute la question est de savoir au final qui emporte la décision.
4. Identifiez la concurrence, toute la concurrence
Ne rêvez pas : sauf innovation géniale, il existe des concurrents directs ou indirects sur votre créneau. Partez plutôt du principe que, si vous n’identifiez pas d’autres acteurs sur votre marché, c’est sans doute que celui-ci n’existe pas…
5. Ne sous-estimez pas la réglementation
Lois et règlements peuvent dépasser le stade de la tracasserie pour s’avérer de vrais obstacles ! Renseignez-vous au maximum sur les multiples textes qui régissent le secteur d’activité dans lequel vous souhaitez vous lancer. Quel que soit votre secteur, des réglementations administratives l’encadrent, voire l’empêchent. N’oubliez pas que certaines professions exigent, préalablement à toute immatriculation au Centre de formalités des entreprises (CFE), des autorisations spécifiques (taxis, agents immobiliers, etc.), ou encore que l’ouverture d’une agence d’intérim exige de donner une garantie financière.
6. Soignez la rédaction de votre business model
Grand ou petit projet, le business model doit être capable d’exposer la logique commerciale du projet en répondant à la triple question : combien allons-nous gagner d’argent, grâce à quels produits ou services, et par quels moyens de mise sur le marché (outils de commercialisation, de distribution, de communication, etc.).
Même si vous vous développez sur vos propres économies, se livrer à l’exercice de la rédaction d’un business model vous fera réfléchir et préciser certains points que vous n’aviez pas forcément envisagés au départ. Et si, au contraire, vous faites appel à des investisseurs, sachez qu’ils exigeront du fondateur non seulement de soigner la rédaction de son business model, mais aussi d’être un communicateur capable d’offrir un show attractif : exercez-vous à vendre votre projet en dix minutes et douze transparents.
7. Etablissez des hypothèses pessimistes
Trop de créateurs surestiment leurs prévisions de recettes et sous-évaluent le temps réel qu’ils mettront à atteindre leur seuil de rentabilité… Sans compter que les pouvoirs publics ne leur facilitent pas toujours la tâche, leur inertie pouvant parfois avoir des conséquences directes sur la trésorerie.
8. Démarrez avec suffisamment de fonds propres
La folie start-up du printemps dernier bien retombée depuis et les exemples médiatisés de pigeon.com décrochant des jackpots de plusieurs millions de francs ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. La majorité des 170 000 entreprises qui se créent chaque année en France démarre sous-capitalisée. S’il est un conseil que l’expérience impose, c’est de bien capitaliser son affaire au départ : c’est-à-dire de disposer d’assez d’argent pour tenir les premiers mois. Parce que l’on risque toujours de mettre peut-être plus de temps que prévu à décrocher ses premiers clients, à se faire payer. Et même si tout cela marche bien, il faudra financer la croissance…
N’hésitez pas, en particulier, à solliciter amis et proches et rappelez-leur qu’en mettant de l’argent dans votre entreprise ils peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu.
9. Pensez aux structures » coup de pouce «
Outre les grands noms du capital-investissement, faites également appel aux structures de capital-risque de proximité, qui interviennent parfois dès le stade de l’amorçage.
Autre piste : les structures d’accompagnement et de prêts d’honneur, comme le réseau Entreprendre, parti du Nord et qui se développe dans toute la France pour soutenir des PME prometteuses, permettent aussi de bien capitaliser sa société au départ. Enfin, certains chefs d’entreprise continuent volontiers de jouer les mécènes économiques ou les business angels, même s’ils cherchent à rester discret.
10. Jouez futé face à la frilosité des banques
Deux tuyaux que conseillent beaucoup de créateurs : penser aux » parrainages » de toute nature, qui aident à débloquer la frilosité légendaire des banques envers la création d’entreprise, et éviter de solliciter son banquier personnel pour un prêt à la création.