« Tout et tout d’suite »
Dans son Album Autopsie Vol.2, le rappeur français Booba intitule une de ses chansons « Tout et tout d’suite ». Allons à l’essentiel : ce qui nous intéresse ici, c’est le refrain symptomatique de notre époque : «Je veux tout et tout d’suite ».
Les « vieux », comme diraient les « jeunes » (ou « fainéants » comme diraient les « vieux » ), n’en reviennent pas ! Ils sont subjugués par la disparition du goût de l’effort, du travail, du labeur, chez les nouvelles générations. Il est vrai que l’ère du pré-mâchage et du « tout et tout d’suite » dans laquelle ces cyber-individus baignent depuis leur plus tendre enfance favorise ce déni du bon sens selon lequel le réconfort n’est possible qu’après l’effort. A travers le matraquage médiatico-publicitaire, la société de consommation a comme par magie fait disparaitre la valeur Travail dans un processus de séduction perpétuelle, pour finalement créer dans les esprits de cette foule sentimentale des désirs qui (ne) nous affligent (pas).
C’est alors que l’on voit poindre à travers le mot « désir » la cause première de cette fainéantise abyssale ! C’est dans les profondeurs de la signification de ce mot que nous devons chercher, traquer et tuer ce « mal » qui n’est autre que le « tout et tout d’suite ».
Distinction entre désir et volonté
En effet, le désir est autre chose que la volonté. Le désir veut la fin mais non les moyens ; il veut la fin tout de suite, magiquement et naïvement, mais non dialectiquement dirait Jankélévitch. Il veut pêle-mêle le possible et l’impossible, l’or, la gloire et la lune, parce qu’il ne songe jamais au caractère discursif des actes : il est velléitaire et platonique. Vouloir, au contraire, c’est tendre à la fin à travers les moyens, vouloir ensemble la fin et les moyens.
Or, la réussite s’acquiert parce que l’on a d’abord mis toute l’énergie de notre volonté dans les moyens-entendons par là le travail. Aussi, il faut pour réussir prendre un certain plaisir dans le labeur, la difficulté, l’effort, la douleur! Tous ceux qui ont réussi quelque chose de grand dans l’histoire de l’Humanité, dans tous les domaines, business, sport, art, science, etc pourront vous parler de ce plaisir secret. La sublimation de la souffrance en plaisir : un combat entre soi et soi-même. La recherche de la perfection est ce combat. Ce plaisir secret démultiplie le travail fourni !
Démarrer un projet : les 3 premières questions
Au début d’un projet de création d’entreprise, les futurs entrepreneurs doivent donc simplement se demander :
- si leur projet naît d’un désir ou d’une volonté (voir la distinction ci-dessus).
- si le projet est réalisable ; car on peut désirer n’importe quoi, mais on ne peut vouloir que le possible (nous disons bien le possible, non le facile).
- s’ils sont disposés à sublimer en plaisir la souffrance spécifique qu’engendrera le travail à fournir. Il faudra donc avoir une très bonne intuition des difficultés à prévoir.
S’ils considèrent tous ces critères, alors la réussite leur tendra les bras : car la volonté est action naissante, et naissante réalité. A contrario, souvenez-vous de l’adage selon lequel « il ne faut pas prendre ces désirs pour des réalités. »